Février 2010
"Tu retournes chez les fous ?" me demande un collègue, apprenant mon prochain départ pour un nouveau week-end dans les Vosges. Eh oui, avec au programme le froid, la neige annoncée, le lent et incertain trajet avec une pétoire anachronique, la nuit sous tente glaciale ... toutes choses qui, pour nous autres "fous", valorisent le plaisir simple d'instants hors du commun ! Enfin ... j'espère.
Tzong...tzong...tzong... Il est trois heures du matin, je connais bien ce bruit : c'est celui de grosses gouttes ruisselant du haut de l'immeuble et s'écrasant sur la rambarde alu du balcon. Eeeeh meeeerde ... il pleut, et pas qu'un peu. Dans quelques heures, je dois prendre la route vers le Bassigny. Au bas mot, six heures de route avec l'Oural; sous la pluie par ce froid je vais en ch... Le plaisir simple pourrait bien tourner galère ! Je finis par me rendormir, pelotonné sous la couette bien chaude.
Milieu de matinée, vendredi, je pars. Le miracle a eu lieu : la pluie s'est éloignée, il ne fait "que" froid. Les "fous" désormais, ce sont ceux qui s'agitent vainement, englués au volant de leurs autos dans le trafic de cette foutue région parisienne.
Moi, je suis heureux, je pars en week-end, retrouver Lénine et les copains de l'Amicale, Coiffy et Dommartin, ma brave canadienne et la Ferme aux Moineaux, au guidon de 335kg de chalutier Russe recyclé ...
Près de la croix de Lorraine marquant Colombey-les-deux-Eglises, je rencontre Michel et Dominique, élégamment désignés sous les sobriquets respectifs de "couille gauche" et "couille droite" compte-tenu de leurs rôles inamovibles : à gauche le conducteur, à droite le passager du side. L'ordre est respecté sur la photo (chacun sait que l'Ordre est une valeur chère à l'Amicale).
Michel et Bruno (dit "le Curé", dit "Croquemort"... la Foi est une valeur chère à l'Amicale) arrivent en même temps que moi; nous retrouvons le Ranger gris compagnon de mon trajet, et nous plantons nos tentes pendant qu'une petite troupe quitte déjà le camping de Coiffy pour visiter une expo d'affiches de propagande à la médiathèque de Bourbonne-les-Bains (la Culture et l'Hygiène Thermale sont des valeurs chères à l'Amicale).
Je me dépêche de monter ma canadienne, pour rejoindre le groupe (le Groupe est une valeur ... OK, j'arrête, je sens qu'il y en a que ça énerve).
Devant la médiathèque, Jean-Phil propose une grosse bouteille plastique de thé glacé. Je décline l’invitation. Zut, c’était du ratafia, j’ai raté l’occasion ! Heureusement, il en restera et je pourrai en profiter plus tard.
Laurent et Véronique nous avaient accueillis magistralement l'année dernière, nous retournons goûter la production du vignoble de Coiffy. Laurent ne mégotte pas : aucun des vins au catalogue n'échappe à notre dégustation, ni à ses explications.
Notre propre Laurent, (dit "Lolo le bûcheron") ayant fort à propos garé son auto devant la maison des vins, voit bientôt son coffre s'affaisser quelque peu sous le poids des cartons de bouteilles que nous lui confions, peu enclins que nous sommes à les remonter à pied jusqu'au camping. L'apéro puis le dîner nous y attendent...
Mickey en profite pour une première performance de
naintonnoir.
Mais avant cela, Lénine entreprend d'expliquer à nos neurones fatigués et embrucolisés (j'invente les mots que je veux, quand j'ai bu !!!) la monnaie locale indispensable à percevoir les boissons. Un bon quart d'heure de chahut lui sera nécessaire mais pas suffisant; car le Rustik (valeur unitaire, soit 1 euro et 20 cents) se vend par un premier multiple de six (la Rustiket, valeur 7 euros) puis, pour les plus soiffards prévoyants, un second multiple de dix cette fois (le Rustika, valeur 10 euros); sous forme de bandelettes qu'il ne faudra pas découper car il rendra la monnaie en Rustiks unitaires qu’il garde jalousement dans une boîte en fer blanc.
Illico, Laurent déchire un malheureux Rustik de sa bandelette, et le tend pour réclamer une bière, ce qui plonge le brave Lénine dans un désarroi bien compréhensible. Une bandelette de neuf, ça vaut combien ?
A propos de bière, le Lada Niva de Lénine est pourvu d’une option très appréciée : la pompe à bière.
La transmission 4x4 du Lada s’avèrera indispensable sur le terrain gras du camping humide, car si j’ai miraculeusement échappé à la pluie le vendredi (presque tous les autres participants ont été saucés sur leurs trajets), elle arrosera la nuit au camping avant de persister, plus ou moins faiblement, la journée de samedi jusqu’en fin d’après-midi !
Léo, sur l’Oural rouge et noir, est carrément descendu de Hollande !
Le beau Rétro est celui de Bruno.
Vers 10h le samedi, nous levons le camp. Luc (cagoule de Fantômette et veste fluo) est venu de Calais avec Isabelle sur leur Oural, qui ne sert pas que pour les loisirs (voir la raison sociale sur le panier !).
Notre ballade du matin nous mène dans un coin perdu de la forêt Vosgienne, nous approchons de routes forestières enneigées. L’approche d’éventuelles difficultés nous encourage à une pause... apéro.
Je commence léger par une bière bien fraîche, en compagnie de Loulou en pause-clope.
Pendant ce temps, Lénine ouvre des bouteilles de j’sais-pu-quoi mais qui descend bien (était-ce à ce moment, le mélange blanc-liqueur de Noël ?).
On évitera de pénétrer dans l’enceinte, méfions-nous de l’ours à lunettes (le toutou, lui, a l’air bien brave)
Patrice et Didier
Léo, Jean-Phil et notre hôte
Mickey, Loulou, Bruno, Jean-Phil, Patrice
Luc trouve que sa machine ratatouille : ni une ni deux, démontage en règle du carbu pendant la pause
Un p’tit whisky pour la route ?
Les extrémités et les esprits échauffés par la pause, nous affrontons gaillardement un passage enneigé. Sortir des traces amène immanquablement à se "tanker" dans la poudreuse épaisse, et les traces elles-mêmes sont verglacées et bosselées.
Comme dit Bruno, une fois que tu as les deux cylindres plantés dans la neige, t’avances moins bien ... On rigole, on s’entraide ... et tout le monde finit par sortir du passage difficile. Les quelques attelages manquants ont contourné l’obstacle et nous les retrouverons à Moscou.
Moscou est un important point de rendez-vous : nous y déjeûnons et ceux qui ont fait la route le samedi nous y rejoignent, ce qui permet de faire le compte officiel des attelages participant à la Vôgeoise, soit 18 sidecars !
Beau succès, félicitations à Lénine !
Lénine ressort le vin chaud de la veille au soir (il est froid maintenant, mais c’est bon quand même !) et un cuistot local nous amène deux grosses gamelles, une de pâtes et une de viande, une sorte de goulash. On se partage ça avec nos quarts, gamelles et couverts de bord
(ndw : nos Tibono™®
quoi...), qui attablés sous une grange, qui sur les sides.
Pour la vaisselle, il y a l’eau de fonte de neige dans le fossé.
Mickey s’en approche imprudemment, la neige masque le fossé et il s’enfonce jusqu’à la hanche dans la poudreuse. Il livre un combat émérite pour ne pas abandonner sa botte au fond, et sort en rampant
(ndw : non monsieur, le Prézzzident ne rampe pas, il colle aux réalités du terrain...).
On essaye sans succès de le convaincre de rester enlisé le temps d’une photo, mais trop tard.
Nous quittons Moscou, pour rejoindre le petit village où notre cuistot tient un bar-restaurant-traiteur, ce qui permet à chacun de boire un café au chaud, puis nous partons en ballade pour l’après-midi.
Le Lada ouvre la route, bannière soviétique fièrement hissée, et gyrophare actionné. Nous nous engageons sur une route fermée à la circulation, elle serpente joliment à travers champs mais certains passages bien enneigés deviennent délicats.
Sur le plat, ça va, dans les montées, il est nécessaire de passer sur l’élan tant l’adhérence est précaire.
Du coup on doit passer un par un par sécurité, et pousser ceux qui échouent.
En haut d’une colline, le Lada stoppe et finit par faire demi-tour : au-delà, ça ne passe plus, enfin c’est peut-être faisable mais à coup sûr on va y perdre beaucoup de temps.
Du coup, Lénine improvise un briefing, allège le planning de l’après-midi, recense qui a prévu de dormir au gîte de p’tit Dom,
et annonce demi-tour pour tous afin ne pas arriver trop tard à notre prochaine étape, la distillerie Lecomte-Blaise à Nol.
Ce serait ballot de rater ça !
Curieusement,
malgré le coup des griottes de l’année dernière,
Mickey est autorisé à prendre en main la distribution.
Sophie et Mme la Présidente Momo nous ont retrouvés à la distillerie, Sophie est toute heureuse de retrouver Lénine et son frangin Loulou.
L’ambiance n’est pas à la mélancolie, notamment quand le niveau du concours de
naintonnoirs monte d’un cran.
La nuit tombe, nous remontons rapidement vers la Ferme aux Moineaux.
Est-ce un effet de la dégustation ? Le rythme des sidecars sur la route est plutôt soutenu, mais tout se passe bien et nous pouvons passer à l’apéro du soir.
Ceux qui n’ont pas réservé de place au gîte camperont sur la neige; Lénine réexplique les subtilités du Rustik à Laurent et p’tit Dom; et nous buvons un coup avant de dîner de nos provisions tirées des paniers.
Dimanche matin, petit-déj, dernières discussions un peu assourdies par le manque de sommeil, et déjà Michel, Daniel et "Queue de Cheval" se préparent pour le retour. Les moteurs commencent à chauffer.
Ceux venus de loin reçoivent un prix, mais je n’ai pas saisi les explications de Lénine sur le très intellectuel prix remis à Luc.
Il est toutefois peu habituel qu’un discours de Lénine, après un grand week-end chargé culturel, soit compréhensible, donc tout va bien !
Quelques dernières photos-souvenirs, une photo de groupe avant dislocation, et en route ! Près de sept heures de route m’attendent, par 2°C, faut pas traîner...
A la prochaine Vôgeoise, les amis !
Avec un grand merci à Lénine et à tous les contributeurs et participants.
Mise en images : Mickey, P’tit Biker, Tibono, et d’autres encore ...
Mise en mots : Eric
Tibono™®

"ndw" = note du webmestre...
...et la presse en a parlé !