Je ne sais pas si vous le savez (enfin si vous suivez ce site, oui, peut-etre...) mais on casse beaucoup par chez nous, les Auvergnats.
Aussi, notre "Antenne Locale" a fait en effort en achetant - enfin - ce fabuleux instrument qui nous faisait tant défaut : une яэmoяquэ.
Mais comme ça vaut cher ces outils-là, on n'a pas choisi la meilleure (trop simple !), mais une configuration un peu plus "cheap" dont le principal avantage, outre un prix abordable et un look "bricolo" est d'attirer immédiatement le regard des forces de l'ordre...
On passera sur les péripéties de dernière heure : timon récalcitrant, frein inefficace, pneus usés (et de dimensions différentes !) roue crevée, faisceau électrique fantaisiste, etc...
Nous finissons par être fins prêts pour partir le vendredi matin de bonne heure (vers 11h30), emmenant avec nous l'Ural solo qui a fait péter les chronos à Magny-Cours et la Mule Bleue, remontée de la veille.
Le Dnepr éternel, rappelons-le, est actuellement en convalescence, et il n'a pas pu se joindre à la fête, mais bon, 2 motos et 5 roues pour 2 bonshommes, ça devrait le faire.
On passera sur les péripéties du trajet, il n'y en a pas eu (à part les freins de la яэmoяquэ qui ont subitement décidé de se coincer...), et à même pas 17 heures nous étions tous-là pour le grand événement de l'année !

Sur le site c'est impressionnant : il y a des attelages partout, et on constate que les Amicalistes sont venus des 4 coins de l'hexagone et même d'au-delà !
Le gros de l'effectif est, bien sûr, constitué de récentes 750, mais on voit encore quelques 650, de rares Dnepr et K750 ainsi qu'une Chang-Jiang. Bravo à tous !
Comme on peut l'imaginer les conversations sont allées bon train, et seule la fermeté de Guy, notre organisateur, réussit à ramener tout le monde, ou presque, pour un bon repas à base de petit-salé et haricots rouges... mmmhhh !
Je pense que d'autres feront une description détaillée de la soirée, parce que - bêtement - j'en ai loupé une partie.
Effectivement, pendant le spectacle de danse de la jeune fille, je prenais une boisson gazeuse au bar, et avec quelques compères également calmes et studieux on a discuté technique et de l'avenir du monde, et peut-être un peu dansouillé par la suite, ouais, c'est possible, mais c'est tout.
Alors si d'aventure quelqu'un sortait une vidéo où on nous verrait sauter et hurler partout comme des sauvages, nous prenant pour Bon Scott et les frères Young, sachez tout de suite qu'il ne peut s'agir que d'une odieuse contrefaçon destinée à nous nuire - les salauds !

...et le lendemain matin (donc 3 heures plus tard...) ben on a la tête dans le cul, un peu les idées embrouillées et les oreilles sifflantes, sans doute un effet de l'humidité nocturne car les nuits sont fraiches dans le Berry ! (et courtes, aussi, oh punaise !)


Ce qui ne nous a point empêché d'aller visiter, après une chouette ballade, non pas un musée, mais la collection personnelle d'un fanatique de la chose aéronautique.
Un musée c'est propre, bien rangé, on a pas le droit de toucher et c'est parfois gonflant...
Mais là c'est tout le contraire : un joyeux amoncellement de bric à brac technologique, des moteurs, des carlingues, des appareils entiers et des morceaux partout, un vrai plaisir.
Remercions le propriétaire pour sa courtoisie et sa disponibilité, et aussi pour cette manie un peu dingue qui contribue à sauvegarder un patrimoine technico-historique qui, sans des gens comme lui, aurait été depuis longtemps bradé à des ferrailleurs.
Si vous désirez faire comme lui, prévoyez quand-même un peu de place, parce qu'un Sikorsky dans le salon...

Malheureusement, pour des raisons indépendantes de la volonté des organisateurs, la balade de l'après-midi fut annulée et l'emploi du temps laissé au libre choix de chacun.
Si d'aucuns ont choisi une promenade touristique dans le verdoyant département du Cher, ou bien la visite de curiosités architecturales, on immagine bien que d'autres se sont vite penchés sur (et même dans !) les attelages dans l'espoir (rarement déçu) de se salir les mains.
Curieusement c'est notre superbe яэmoяquэ qui fut choisie comme siège social du bouclard improvisé. Probablement parce que l'absence de ridelle en fait un confortable compromis banquette/établi. Et peut-être aussi parce qu'on y a écoulé un reliquat du stock de boisson et friandises (Ah les Haribo de Tibono™® !) constitué pour le Bol d'Or Classic.
Vous savez quoi ? Des ingrats n'ont pas tardé à critiquer la belle яэmoяquэ et son état général, nous prédisant (nous promettant même) les pires avanies lors de son utilisation !
Et qu'elle est moche, et pas conforme, et qu'elle ne comporte pas de plaque de tare, et qu'on va passer à travers son plancher miteux, et gnagnagna et gnagnagnère... On a vraiment entendu n'importe quoi !
Et on s'est même fait traiter de radins ! D'Auvergnats grippe-sous et parcimonieux qui préfèrent se passer du minimum vital plutôt que d'écorner le magot planqué dans l'armoire (sous les draps, à droite).
Alors mettons tout de suite les choses au point, à une accusation aussi infâme, il n'y a qu'une seule réponse : Oui.

Et la fin de l'après-midi s'effiloche doucement en apéros divers, le bon fumet des grillades et des pizzas se mèle doucement à l'air vespéral du Cher, c'est le printemps, il fait beau, on est bien.
Le Président monte à la tribune (en fait, un hybride entre le plongeoir et la chaise d'arbitre) en grand uniforme de maréchal d'opérette pour prononcer un discours émouvant auquel, il faut bien l'avouer, on n'a pas compris grand chose.
Mais il s'agit bien de rappeler la création en 1989 de ce qui est, on y tient, une Amicale et pas un club...
Et on honore la mémoire de Maurice LUAULT, le Président Fondateur sans qui notre Amicale n'existerait pas. Tout ceux qui l'ont connu sont d'accord pour dire qu'il était un être au coeur d'or, mais également une bourrique sacrément caractérielle, de ce côté là la relève est bien assurée !

Un groupe de musiciens vient même jouer quelques air typiquement Berrichons : Auld Lang Syne, Pelot d'Hennebont, Yankee doodle, et autres Stairway to heaven...
Subitement entrés en résonnance, alors que les musiciens officiels vont raffraichir leurs glottes de rockers, c'est au tour des Amicalistes de sortir leur crin-crin, soufflets à punaises et petites cuillers !
Dangereusement mis en concurrence par Jasper, Michel, Dan et Igor, les pros n'ont plus alors qu'à rappliquer pour se joindre à la fête et tous ensemble de nous délivrer une prestation de super-groupe !


Vous savez également qu'on aime bien amener des fromages de chez nous... et vous êtes pas mal à y avoir goûté...
Bon, on ne présente plus le Saint-Nectaire, connu depuis les rassemblements de Laschamps et La Bourboule, mais le bon fromage de brebis de Saugue, c'était la première fois...
Ce qui le caractérise, ce bon fromage, c'est la présence d'un sympathique petit parasite qui contribue à le parfaire, à tel point qu'on l'appelle "artisan" déformé en "artison" ou "artisou" mais dont le vrai nom est "ciron"
Et à quoi ça ressemble ? A ça :
Désolé pour ceux qui en ont mangé sans savoir...
Ca chauffe ! Et dés la nuit noire le point d'allumage est atteint !
Ca flambe et les Amicalistes redeviennent soudain des ados enthousiastes autour du feu de camp (on en a même vu qui se pelotaient dans les coins...) !
Une farandole est vite organisée, qui tourne autour du brasier, et c'est pas crétin, c'est prenant ! On se sent soudain tous unis à contempler les buches craquantes.
Et le son de l'orchestre celtique ne fait que rajouter à l'émotion du moment


Le lendemain, malheureusement, il faut bien se résoudre à rentrer dans nos foyers, avec les souvenirs, avec les motos, avec la яэmoяquэ...
En ce qui nous concerne, ça va pas loin...
Même pas arrivés à Culan les vitesses de la Mule Bleue craquent un peu... puis le témoin de point-mort reste allumé en permanence, puis une vitesse disparait, puis l'autre.. et finalement la machine est immobilisée au bord de la route, impossible d'aller plus loin !
Un rapide coup d'oeil nous édifie : il manque le bouchon de l'axe de sélection. Je signale que ce truc est serti et indémontable, voici donc une jolie panne, nouvelle et inattendue ! Avec une Ural, on est jamais déçu.
Mais comme la pièce en question est probablement plusieurs kilomètres en arrière, pas la peine d'espérer la retrouver. En tout cas on n'essaie pas et on applique le plan B : Echange de la solo et de l'attelage, l'un prenant la place de l'autre sur la яэmoяquэ et on continue comme ça...
Pas trop loin non plus cette fois...
Evidemment, tout au plaisir de cette bombe rageuse qu'est la solo, pendant quelques dizaines de kilomètres je passe mon temps à semer Vincent puis à l'attendre... à le semer puis à l'attendre... à l'attendre... à l'attendre...
????????
Finalement je fais demi-tour et à quelques centaines de mètres, sur quoi tombe-je ?
Vincent en gilet fluo, hilare a coté de la яэmoяquэ sur laquelle, il faut bien le dire la Mule Bleue a un petit air penché...
L'attelage est passé à travers le plancher ! L'arrière repose sur les échappements, englouti jusqu'au moyeu, tandis que le moteur a dévasté le garde boue !
Une belle яэmoяquэ toute neuve, c'est malin ! On vous raconte pas le cirque pour redresser la situation à l'aide d'une planche récupérée dans une poubelle, sous l'oeil intéressé de trois jeunes garçons à peine goguenards...
"Oh z'yva m'sieur ! Vrai elle est belle ta moto ! Oh c'est quoi la roulette sur l'côté ? C'est pour pas tomber ? Ouah c'est défonce'nite ! C'est pas d'la moto d'bouffon m'sieur !"
Bref un bel échange du type "mécanique contre sémantique". Bon, par la suite, on a réussi à rentrer avec notre attirail bringuebalant, nous jurant et pas trop tard qu'on nous y reprendrait encore...

...à toute l'équipe qui a organisé cette rencontre, probablement la plus importante jusqu'à présent.
On sait que c'est du boulot alors merci à tous ceux qui ont oeuvré avant, pendant et après ce week-end pour que tout se passe bien, c'était réussi !
Et si jamais vous avez besoin d'une яэmoяquэ, hein, n'hésitez pas !