28 mars
Samedi, 3h du mat'.
Il fait noir et j'entends la pluie crépiter sur le balcon. Putain de météo, sûr que ça ne va pas s'arrêter de sitôt. Je me recroqueville sous la couette.
3h30 : beep..beep..beep.. cette fois il faut VRAIMENT me lever. J'ai rendez-vous avec Philippe et Marie-Claude, à 5h30 à Fontainebleau. La pluie persiste. Trop tard pour reculer.
4h40 : ça y est, je roule. Première nouvelle potable du jour : la pluie vient de cesser. Il fait quand même froid et humide, et j'ai l'impression glauque d'être le seul taré debout dans cette foutue banlieue.
6h : je suis arrivé en retard au rendez-vous. Personne. J'ai trop froid, le café-thermos me fais revivre. Même pas le temps de finir ma tasse, l'Oural de Philippe apparait au loin, et avec la lumière du jour ma motivation remonte en flêche !
Cette fois, c'est parti mon kiki, en route pour l'AG à Varennes !
Au gré de ses soubresauts nonchalants, l'aiguille du compteur oscille autour de 75 km/h. Nous roulons régulièrement. La régularité, c'est la seule voie d'efficacité pour abattre les bornes avec nos machines sur ce type de trajet. Heureusement, la route en convoi, même si les occasions de communiquer sont rares, fait passer le temps bien plus vite ; et vers 11h nous sommes relativement surpris d'arriver déjà à Varennes-sur-Amances.
Le centre de vacances et loisir est accueillant, avec une grande salle qui fera office de réfectoire, la cuisine disponible pour réchauffer le frichti, et suffisament de chambres de diverses tailles pour loger les quelques 45 participants. Le tout bien chauffé et agrémenté de boissons diverses (bière, sodas, café...) mis à disposition par Laurent, dit Lolo le bûcheron, notre trésorier et organisateur sur ce coup là, bien secondé par Laurent notre fourrier, qui a amené comme d'habitude la "boutique" de l'amicale dans son Zeus.
Côté machines, on dénombrera une vingtaine de sidecars, une demi-douzaine de motos solos, quelques autos, une camionnette, un quad, mais pas de raton laveur. Des toutous, oui, dans le panier de Philippe et Gabrielle représentant la Suisse avec également Ernst et Gino ; la Belgique étant représentée par Thierry et sa compagne, et par Angelo venu avec Manu (et Farid sans sa Suz'Formula, car privé de permis, oups !).
L'heure de la ballade approche, nombreux sont ceux qui cherchent un panier (dont Loulou, exceptionnellement privé de guidon par un Fenwick vindicatif).
Au tout dernier moment, chacun trouve sa place et c'est parti !
J'adore voir onduler devant moi la file indienne des attelages, tournicotant à l'assaut des petites routes. Et il faut imaginer en sus le paysage en cinémascope, le son des flats, le bon air des Vosges et toute la bonne humeur qui irradie du groupe, communicative aux quelques spectateurs qui assistent à notre passage.
Après la pause essence indispensable à la bonne organisation d'une telle sortie en groupe, nous rejoignons Darney pour visiter la confiserie traditionnelle Délisvosges.
Quelques rayons de soleil viennent adoucir le moment d'attente avant la visite, des packs de bière surgissent de quelques soutes et nous passons un de ces moments privilégies pendant lesquels on n'a pas grand'chose à faire, à part profiter de l'instant insouciant et convivial.
L'odeur de l'anis domine dans la confiserie. Deux grosses marmites de cuivre cuisent un mélange de sucre et d'un peu de mélasse, chargée d'éviter au sucre de cristalliser. Le sucre-cuitier (c'est le nom de ce métier devenu rare) verse le mélange liquide autour de 170 à 180°C sur une table tempérée par circulation d'eau, y adjoint l'essence d'anis et un colorant naturel (par exemple de l'extrait d'épinards pour le vert, dénué de goût nous rassure-t-il) puis commence à manipuler la pâte par pliages successifs assurant le mélange.
Cela fait une sacrée masse de pâte, la manipulation se fait à pleins bras. C'est chaud, car la pâte est prête à l'usage autour de 90°C. Arrêt de la circulation d'eau, désormais le sucre-cuitier n'a droit qu'à une dizaine de minutes pour transformer sa pâte en sucettes ou bonbons.
La pâte brute est vert translucide, mais en quelques manipulations "en huit" et étirements à l'aide d'un crochet métallique fixe, une bande de pâte prend une belle teinte blanc/vert pastel. Avec les deux couleurs enroulées ou torsadées, voilà de belles grosses sucettes !
Pour les bonbons à l'ancienne, des coups de ciseaux droits dans la pâte roulée en cylindre fin, et voici des petits coussins ; des coups de ciseaux alternés en biais, et voici des berlingots. Pour produire un peu plus vite, un laminoir à main associé à des rouleaux interchangeables creusés de formes diverses (bonbons, sucettes ...).
Au fil de la démonstration, le sucre-cuitier a consommé à peine un dixième de sa masse de sucre, qui visiblement commence à durcir. Va-t-il devoir jeter le reste ? Nenni, car il dispose tout de même de quelques "lignes" de production, constituées de laminoirs motorisés découpant les bonbons en plaques sur de longs tapis roulants. Cette fois, la pâte est vite avalée et découpée. L'ultime étape pour obtenir des bonbons qui ne collent pas entre eux consiste à les enduire d'une fine couche cristallisée de sucre pur (car c'est la mélasse qui colle). Ils sont mis dans une centrifugeuse avec du sucre dilué dans de l'eau, laquelle est chassée par la rotation.
Après la distribution générale des sucettes créées pendant la démonstration (spéciales "grandes gueules" : les industrielles sont bien plus petites, par contrainte de l'emballage automatique), la visite se termine à la boutique qui permettra aux gourmands de ramener quelques sachets de bonbons des Vosges.
Nous reprenons notre ballade ; les petites routes autour de Coiffy sont vraiment bien agréables.
L'heure avançant, nous reprenons la direction de Varennes via Coiffy en prévision de l'apéro qui nous attend au centre de vacances. Nous y retrouvons quelques amicalistes supplémentaires, arrivés dans le courant de l'après-midi, les discussions autour des machines vont bon train.
Après l'apéro et le discours du président, une bonne grosse potée est servie au dîner, animé entre autres par Lénine. J'avoue ne pas avoir tout compris de son discours, sans trop savoir si c'est moi qui déclinais suite aux Picon-bières, ou s'il était parti dans un délire (je penche tout de même pour la seconde hypothèse).
Le repas finira sur un alcool de pommes aux vapeurs éthyliques explosives, boum sur la tête, plus besoin de chercher à comprendre.
Le lendemain matin...
...des malfaisants nous ont piqué une heure de notre week-end : passage à l'heure d'été.
Petit-déj' (Loulou roupille dans le réfectoire, même pas réveillé par l'agitation), puis préparation pour la ballade, je fais doucement chauffer mon brave flat Russe tandis que Jean-Phil démarre son vieux Béhème récalcitrant à l'aide de cosses prises sur la batterie de Thierry. Pour y accéder dans le coffre, il faut d'abord pousser les Chimay !
Le départ traîne vraiment longtemps, c'est curieux : d'habitude, une fois quelques moteurs démarrés, les choses s'accélèrent jusqu'à voir arriver les derniers retardataires en mode "panique". Cette fois, non. Je finis par couper mon moteur.
Au bout d'un moment, une annonce officielle est faite : "on a mis une caisse à l'organisateur !"
Vers 11H, tout de même, une petite ballade est improvisée sous l'impulsion de Frédéric qui a compulsé la carte locale : il fait trop beau pour s'en priver. Mon moteur, ni vraiment chaud ni vraiment froid, fait des siennes en refusant de redémarrer : une poussette avec l'aide des copains en viendra à bout.
Nous partons à une demi-douzaine de sides plus une solo.
Les paysages et la lumière sont superbes, mais nous limiterons la ballade à une trentaine de km : d'une part le repas de midi nous attend bientôt, d'autre part le 650 Oural de Patrice coupe et cale de plus en plus souvent en pleine marche.
Capricieuse, la machine accepte pourtant de redémarrer après chaque séance de coups de kick. Nous revenons donc au complet pour l'apéro et le dernier déjeûner, avant dislocation prévue du rassemblement.
En bons camarades, nous pensons aux absents, dont l'antenne Auvergnate qui prépare le BOC ; comme Mickey m'a officiellement chargé du compte-rendu on me susurre une perfidie : faire remarquer qu'aucune panne majeure n'a entaché le week-end, du fait de l'absence du Dniepr Eternel de Vincent. Dont acte :-)).
Après le café, Marie-Claude, Philippe et moi reprenons la direction de notre région parisienne ; beau temps froid sur la route, aucun souci à signaler et retour à nos bases vers 20h30.
Merci à Laurent, qui a su reprendre à la volée l'organisation du rassemblement initialement prévu dans le Jura, et s'en est tiré magnifiquement bien !
Texte et photos (sauf indication):
Tibono™® 
la qualité à pas cher !