Mon
Bol d'Or
par Eric
Jeudi 12 après quelques problèmes d'intendance à
régler et une consultation assidue des prévisions météo,
nous décidons, ma douce et moi, de partir pour le Bol d'Or
Classic. Prévoyant un temps maussade pour la route, nous arrivons
à trouver une chambre d'hôte au sud de Nevers pouvant
nous recevoir les nuits du vendredi et du samedi, nous avons toujours
eu de la chance avec les réservations de dernières minutes.
Un petit mot sur le forum pour avertir que nous partons et pour faire
partager mon enthousiasme aux lecteurs invisibles de la toile. Phizo
me répond qu'il m'attend sur le stand de l'amicale avec Mitch
et Vincent, ça fait plaisir. Ce sera notre première
expérience de rassemblement et de course moto mais nous ne
sommes pas trop inquiets.
Consultation de l'Atlas de la route au 200 000 ème pour prévoir
la route, surtout éviter toutes les nationales et les grandes
villes. Consultation du site Via
Michelin pour avoir une idée du kilométrage, je
prends toujours la proposition de l'itinéraire le plus court
et mon défi c'est de faire moins. Généralement
les petites routes plus directes étant délaissées,
j'y arrive.
Finalement les bagages sont faits, quel bonheur de ne plus trop réfléchir
aux affaires que l'on prend (surtout Madame), les voyages sur la R1100R
nécessitent plus de réflexion sur le choix du nécessaire.
Départ le vendredi matin vers 10h, et oui nous avons un grand
défaut c'est l'impossibilité de partir tôt, mystère
Très
vite nous devons remettre les gants d'hiver et le pantalon de pluie,
il fait moins de 13° et le manque de protection malgré
la vitesse limitée se fait sentir. Nous traversons en diagonale
la Dordogne en passant devant quelques beaux châteaux
sans nous arrêter mais en se faisant la promesse de revenir.
Quelques beaux lacets plus loin nous nous retrouvons en Haute-Vienne,
les pluies passagères durent encore mais heureusement elles
ne sont pas fortes. Nous traversons de beaux domaines boisés
et croisons des scieries monumentales. Le parfum du bois envahit les
narines. Nous entrons dans la Creuse, les tapisseries d'Aubusson ne
sont pas loin mais la visite sera pour un autre jour. Nous passons
à cheval sur le Cher et l'Allier pour rejoindre Nevers et nous
arrivons finalement chez notre hôte après 430 km parcourus
en 9h. (pause casse croûte comprise). J'ai battu Via Michelin,
Yes !
La chambre dans une ancienne ferme est sympathique, notre hôte
aux petits soins, les bagages sont déposés et en route
pour le circuit de Magny-Cours à 15 km de là.
Il est environ 20h quand nous arrivons sur le site avec une certaine
excitation, les motards font signe, tout le monde a la banane. Les
places sont prises rapidement, la billetterie n'est pas encore prise
d'assaut. Merci la Mutuelle
de Motards pour une place offerte pour une achetée. (Je
n'avais pas sollicité l'amicale n'étant pas sûr
de venir.)
Nous trouvons rapidement le stand de l'Amicale et nous sommes accueillis
par la bande des Auvergnats cités plus haut accompagnée
de Jean Philippe et de son fils. Les présentations
sont vite faites autour d'une bière, l'ambiance autour de nous
est décontractée et nous faisons un tour rapide du site.
Tous
les exposants ne sont pas encore là mais de belles machines
sont déjà visibles. Phizo m'a donné un autocollant
permettant de faire entrer la belle Sibérienne devant le stand,
elle prend place à côté de celle de Mitch, du
magnifique Dniepr de Vincent, de la Ural solo de Phizo et de la BMW
de Jean Philippe. J'ai un peu honte, avec la pluie de la journée,
la rutilante du matin s'est transformée en souillon du soir
finalement ça lui va bien aussi.
Nous
sommes invités cordialement à partager le repas du soir,
Vincent sort de belles quiches préparées par Véronique,
tout baigne.
Couchés vers minuit et levés vers 8h au son des oiseaux
pour un petit déjeuner copieux chez notre hôte. Nous
rejoignons le site en passant les barrières avec notre macaron
sur le pare-brise comme des vieux briscards. Les choses sérieuses
ont commencé, des démonstrations et des qualifications
ont lieu toute la matinée. J'essaye de prendre des photos désastreuses
avec mon appareil numérique de base. J'ai au moins une vingtaine
de photos avec comme seul horizon un bout de piste sans le moindre
bout de motos, la honte.

|
Mitch
me voyant admiratif d'un beau tee-shirt que portait Vincent
plonge sa tête dans son sac et m'offre le même,
j'en suis tout ému, merci Mitch.
Je ne le quitte plus du week-end, le tee-shirt, pas Mitch,
il faut pas pousser la reconnaissance si loin non plus.
|
Nous faisons connaissance avec le reste des amateurs d'Ural : Eric
Tibono™® avec son Ranger, Sébastien, Nono et Solange
avec leur Ranger ONU, Daniel et Olga avec leur Tourist, Corentin et
sa copine. Le stand commence a avoir belle allure.
La
journée se passe entre la visite des exposants, un il
sur les qualifications et la visite des stands de compétition.
Nous voyons même quelque exemplaire de pilote atypique : quelle
taille de casque prend celui-ci avec sa touffe rasta, mystère(Il
s'agit de David Malterrre, de l'écurie Forza
Bimata Classic, qui a déjà eu l'honneur
de nos colonnes - ndw).
En tout cas sur la piste avec sa Bimota, il envoyait grave. Je photographie
la plupart des machines dont je connais le nom mais dont j'ignore
les caractéristiques techniques. Le seul critère esthétique
me suffit et c'est tant mieux car je suis une bille en mécanique.
Le soleil tape fort, les visages rougissent et les bières font
se qu'elles peuvent pour nous désaltérer.
Nous assistons au départ à19h30 de la première
manche. C'est mon premier départ de course en vrai. Je suis
comme un gosse devant ces super héros en combinaison de cuir
prêts à s'élancer. Mais que se passe t-il ?..
un pilote court et franchit la barrière d'un bond alerte, il
nous tourne le dos dans sa combinaison jaune et tranquillement effectue
sa vidange personnelle avant le départ. La foule réagit
par des quolibets sympathiques qui ne dérangent pas notre pilote
qui continue de lansquiner tranquillement alors que les minutes fatidiques
s'égrènent avant le départ. Il regagne finalement
sa place visiblement soulagé.

Hop
hop hop ! Pause pipi...
|

Ouf
! ...j'y retourne !
|
Les
pilotes finissent par s'élancer, les plus rapides démarrent
en trombe quand d'autres se font pousser laborieusement mais c'est
beau. Hélas un pilote chute sur les premiers mètres
et doit quitter la piste en ambulance, visiblement une clavicule cassée.
Nous suivons la course pendant près d'une heure en variant
les points de vue sur les différentes tribunes, les différences
sont notables entre les pilotes et les machines et on se prend au
jeu en calculant les écarts.
Nous regagnons la tribu des amateurs de belles soviétiques
pour partager quelques agapes, les discussions vont bon train.
Je me retrouve coincé entre Daniel et Solange qui parlent des
vertus comparées des moteurs Pan et Shovel sous les yeux ébaubis
d'Elga n'en revenant pas qu'une femme trouve des beautés cachés
à un moteur. Au début de la conversation, quand Solange
a dit qu'elle avait avec Nono un Shovel de 1973, je me suis dit, ne
connaissant pas ce nom et entendant " cheval " qu'il était
sacrément vieux le cheval
un vieux bourrin quoi. Finalement
j'étais pas si loin. Je vous avais dit que je ne connaissais
rien en mécanique. Vous allez me croire maintenant. (Depuis
j'ai fait un petit tour sur internet pour voir l'historique des moteurs
Harley, je n'ai pas envie de mourir idiot.)
Mitch, magnifique professeur, nous a retracé toute l'histoire
de la machine à vapeur ; Jean Philippe subitement très
sérieux a évoqué l'anniversaire tristement célèbre
des 90 ans du Chemin des Dames et l'offensive désastreuse du
Général Nivelle en avril 1917. Je l'ai suivi dans sa
conversation, personnellement sensible à ce sujet. Sébastien
nous a exposé les différentes manières d'alimenter
un moteur en bio carburant et Marco Bertrand de Moto Magazine nous
ayant rejoint nous relata ses aventures en Russie.
Nous en
étions là dans nos différentes conversations
quand un éminent représentant de la Force Publique nous
interpella gentiment pour nous demander de surveiller ses montures
: deux magnifiques Ratier. Il s'agissait du stand voisin de la police
qui, ne couchant pas sur place, préférait garer ses
motos près des belles Ural. Inutile de vous retranscrire les
différentes moqueries émanant de mes petits camarades,
la Police qui se fait voler etc
Les
Auvergnats, gardien du temple, ont accepté de bonne grâce
non sans avoir négocié la possibilité de participer
à la parade le lendemain derrière les flics et, dès
que les condés ont tourné le dos, Vincent criant "
Nique la police " s'est évertué à démarrer
une des Ratier sous les yeux effrayés de Phizo lui rappelant
que c'était des "vrais" flics. Sans succès
hélas, en revanche ça a pué l'essence jusqu'au
lendemain.
Nous continuons nos conversations avec Mitch, Vincent et Marco, qui
s'avère être un redoutable connaisseur des dialogues
d'Audiart, sur les films de Lautner et de Robert Enrico. Ah ! Delon
sur sa R71 dans "
Les aventuriers ", Ah ! la belle cuite des Tontons flingueurs
que du bon.
Nous partons nous coucher alors qu'un gang de poilus tatoués,
les bras chargés de cannettes investit les lieux, ça
sentait fort la testostérone. 
Le lendemain vers 11h, tout le monde est là, le gang de la
veille s'est révélé bien sage, la nuit fut apparemment
plutôt calme.
Nous apprenons que la participation à la parade est officielle,
nous ne pouvons résister à une telle occasion et nous
retardons notre départ pour l'après-midi. Petite collation
et départ vers le circuit en suivant la police dans ses beaux
uniformes. Tout
le monde est excité, les drapeaux (rouge bien sûr) sont
de sortie. Nous rentrons comme des gamins sur le circuit, j'arbore
le beau tee-shirt du Mitch, Phizo est monté derrière
moi sur la selle cow-boy, la place dans le panier est toujours réservée
à ma blonde, il a choisi la bonne monture. Les appareils cliquètent,
la foule nous salue, Mitch, notre photographe officiel est monté
derrière une belle R60 comme un pro du tour de France.Vincent
sur son Dniepr est
le véritable éclaireur de l'Armée Rouge.

Ah
la joie de prendre la ligne droite des stands à 50 km/h. Le
premier tour se passe sans encombre et pendant le deuxième
passage devant la tribune la plus bondée, l'excitation prend
le dessus, je lève les deux bras en signe de triomphe et en
reposant les mains sur le guidon, la belle Ural hoquète, tousse
et finit par caler sur la piste. Panne d'essence ? impossible j'ai
fait le plein le matin même. Nous poussons la bête haletante
dans les graviers, Cathy se fait rouler sur le pied, qu'elle a fragile,
ouille ! Phizo avec son il expert analyse rapidement la situation
quand je vois le commutateur coupe-contact sur off. Dans mes élans,
j'ai coupé le contact sans m'en rendre compte, la honte.
Je remets le contact et nous démarrons illico sous les vivats
de la foule. Finalement ma maladresse nous a offert une gloire passagère,
c'est beau.
Nous
finissons les derniers, précédés par une Harley
attelée de 1926.
Il n'y a plus personne pour nous indiquer la sortie et nous manquons
de peu de faire un troisième tour, là ça aurait
été trop.
Nous retardons encore notre départ pour contempler le départ
de la deuxième manche, c'est toujours aussi beau et celui ci
se passe sans encombre.
Nous finissons par saluer tout le monde pour repartir vers notre doux
foyer. Il fait beau, les 430 km de retour s'effectuent en 8h, je me
suis pris pour un pilote sur les routes sinueuses, ma coéquipière
s'est penchée à fond dans les virages, l'Ural s'est
prise au jeu. C'est beau.
Nous en avons encore plein les yeux. Vivement le Bol d'Or suivant.
En attendant je me fais pousser les poils et j'ai déjà
choisi mon tatouage.
Merci encore à la section Auvergne pour la chaleur de son accueil,
elle nous a fait vivre un superbe week-end. L'amicale a gagné
un nouveau membre et moi il me tarde de faire un rassemblement. A
bientôt à tous.

Eric
& Cathy
Rédacteur
: Eric / Photos : Eric, Mitch, PhiZo.......
|
TRAPANELLE
et FLATAGAZ par Eric (aussi !)
Trapanelle,
c'est moi. Ou du moins, je me sens de la famille. Une famille pas
sectaire, juste un peu grégaire. C'est d'ailleurs cet instinct
qui m'a, avec le soleil d'avril, poussée à prendre le
cap vers Nevers et le 5ème Bol d'Or "Classic" : sûr,
il y aura des copines là-bas !
J'y suis allée
avec mon "mec". Il doit me prendre pour une mûle,
car il m'a chargée de tout son barda ; mais bon je l'accepte
car il me fait ronronner doucement au rythme qui me plaît. Môssieur
décide aussi des trajets, enfin c'est ce qu'il croit ... Il
sait bien que s'il n'avait pas sélectionné les petites
routes des bords de Loire ( ou de son canal latéral ), je luis
aurais fait la grimace !
Sûr que des copines, il y en avait ; une élégante
captait les regards : elle a assorti sa robe laiteuse à la
tente de l'Amicale, et souligné ostensiblement son teint immaculé
d'un rouge soviétique flamboyant. Nôôôn,
je ne suis pas jalouuuse, sssssi le vert militaire c'est clâââsse
... euh ... au moins, c'est pas salissant, na !
Je ne renie pas mes origines, mais en symbole de transition vers l'ère
post-soviétique, le drapeau de la nation Russe s'impose logiquement
sur les nouvelles Oural. N'ai-je pas fière allure ainsi parée
?

L'antenne Auvergnate
a cette année inauguré un appui logistique lourd, avec
tout ce qu'il faut pour recevoir et exposer confortablement. Les détails
qui tuent : un superbe totemaphizo qui permet d'observer sous toutes
ses coutures un brave moteur Dniepr, et un micro-ondes pour réchauffer
le gratin de patatavincent !
 |
"...Le
bâtard monte en chandelle, accroché pleins
gaz à son hélice; pour reprendre un peu
de vitesse j'amorce un tonneau en léger piqué
sous son empennage, pendant que mon ailier couvrait à
deux heures ..." |
|

A
y bien regarder, il se passe tout de même de drôles
de choses sur ce stand !
|
J'ai
tété mes 7,6 litres aux cents, mais un Amicaliste
aussi, ça consomme ... bouffe et boissons en pôt
commun, partage et liberté sont mères de convivialité.

|
 |
Phizo
fait l'article, nombreuses furent les marques d'intérêt
envers mes soeurs trapanelles. Pendant ce temps, comme toujours,
Mitch cherche son graal : l'angle absolu pour la prise de vue
ultime. |
Sur
un tapis de Pâquerettes, je suis allée voir Poum-Poum-Belette
...
Poum-Poum pour le mono, Belette pour la Bullet : Fab' et José
nous présentent un bien bel attelage Enfield + Précision. |
 |
 |
Ah
ben, en voilà un de Flatagaz ! Parait qu'on a un ancêtre
commun, c'est donc un cousin éloigné. Parce que
sur la piste aussi, il se passait des choses, pour les Stakhanovistes
du gros gaz. |

Moi
j'ai repris la route à mon rythme : le boeuf est lent, mais
la terre est patiente ...
Rédacteur
& photographe : Eric Tibono™® 
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