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Robert Sexé

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Par Didier
Voila quelques temps j'ai acheté et lu "Robert Sexé au pays des soviets". Très beau livre de Janpol Schulz, il retrace la vie aventureuse du premier motard globe-trotter.
Les lignes qui suivent survolent son parcours total, mais approfondissent sa généalogie et la période où il est soldat motocycliste à Dijon.
Dans ses écrits Robert Sexé nomme ou prénomme ses rencontres, j'ai donc essayé d' identifier ces personnes. Je n'ai hélas pas pu retrouver tout le monde mais je vous livre ici le fruit de mes longues et passionnantes recherches.
La lecture de la généalogie de la famille Sexé est je l'admets un peu fastidieuse mais elle permet de connaître les métiers et les lieux de vie des ascendants de notre motard.
Généalogie
Michel Sexé x Blanche Boutand
°Jean Pierre Michel Sexé
deux mariages
x 1782 Magdelaine Radegonde Guichard + 1792
x 1792 Marie Anne Moreau
°Jean Auguste Sexé x 1812 Louise Chartier
°Paschal Sexé x Aimable Elise Bayard


Victor Sexé °1815 x 1842 Angélique Delphine Rocheford °1816
°Victoria Marie Sexé née à Saint Benoit 1848 à 4km de Poitiers x 1884 °Jacques Edmond Sexé né en 1828 à Argenteuil
x Lorette Schneider +1882

°Germaine Sexé et °Robert Sexé
°=naissance,x= mariage, +=décès
Le père et la mère de Robert Sexé sont donc demi-cousins, issus de germains
Branche généalogique de la mère de Robert Sexé :
Victoria Marie Sexé
Vers 1755, à Lombez dans le Gers, Michel Sexé et Blanche Boutand ont un fils, Jean Pierre Michel Sexé qui deviendra Maître perruquier. Il se marie une première fois à Poitiers, en 1782, avec Magdelaine Radegonde Guichard, qui décède en 1792.
Le couple a six enfants, Louise Radegonde °1783, Jean-Pierre °1784, Eustache Paschal °1785, Jean Auguste °1787, et deux jumelles, Marguerite °1788+1788, Chantal °1788+1788.
Jean Auguste Sexé, devenu Maître horloger-bijoutier, se marie en 1812 avec Louise Chartier.
De ce couple naît à Poitiers, en 1815, Victor Sexé qui deviendra négociant filateur fabricant de coton.
Il prend pour épouse, en 1842, Angélique Delphine Rocheford qui donne naissance en 1848 à Saint Benoit, à 4km de Poitiers, à Victoria Marie Sexé, la mère de Germaine Radegonde et de Robert Sexé.
Branche généalogique du père de Robert Sexé :
Jacques Edmond Sexé
A peine un an après le décès de Marjolaine Radegonde Guichet en 1792, Jean-Pierre Miche Sexé se remarie avec Marie-Anne Moreau. De cette union naîtra Paschal et Angélique Sophie °1797.
Paschal Sexé est né à Poitiers en 1794, il épouse vers 1825 Aimable Elise Bayard. Elle est la nièce de Armand Fayard, fondateur des Charbonneries Françaises, et militant Saint-Simoniste, base du socialisme. Le couple aura au moins deux enfants, Marcel et Jacques Edmond Sexé, né le 14 août 1828 à Argenteuil où leur père est employé des contributions indirectes.
Jacques Edmond Sexé entre lui-même aux Impôts en 1849. En 1851 il est nommé à Metz. A 24 ans il s'y marie une première fois avec Lorette Schneider âgée de 56 ans. Jacques Edmond Sexé est nommé à la direction générale de Paris en 1855, il habite avec son épouse 13 rue de Rivoli, où elle décède en 1882 a l'âge de 76 ans.
Il se remarie (à 56 ans) à Poitiers en 1884 avec sa demi-cousine issue de germains, Marie Victoria Sexé âgée de 36 ans, il est alors chef de bureau au ministère des finances.
En 1885 Marie Victoria Sexé revient dans sa famille à St Benoit pour accoucher de Radegonde Marie Germaine le 14 août 1885, la soeur de Robert. Jacques Edmond a 57 ans, Marie Victoria 37 et le grand père Victor à 70 ans.
En 1886 Jacques Edmond Sexé est fait chevalier de la légion d'honneur, vers 1888 il est nommé Directeur des Contributions Indirectes à La Roche sur Yon.
C'est dans cette commune, au 13 boulevard de l'ouest, que naît Jacques Robert Sexé le 17 novembre 1890, Jacques Edmond est âgé de 62 ans, Marie Victoria Sexé a 42 ans. Robert Sexé est donc d'une famille aisée, mais un enfant de vieux.
Marie Victoria Sexé décède à Saint Benoit le 2 octobre 1904.
Jacques Edmond Sexé décède le 21 avril 1908, à 80 ans, en son domicile, 35 rue Bonaparte à Paris.
Marcel Sexé, le frère de Jacques Edmond, devient le tuteur légal de Robert Sexé, il est l'époux d'une fille Révillon d'Apreval, de la célèbre maison de couture spécialisée dans les fourrures. En 1923, la compagnie Révillon possède 47 établissements répartis entre la baie d'Hudson et la baie James (Canada).
Germaine Sexé vivra à Passy, au carrefour de la rue Singer et de la rue des vignes Paris XVIéme. Elle restera célibataire, et aura pour amie la sculpteuse Berthe Martinie Andrieux dont le père travaillait dans les contributions indirectes.
Enfance, éducation, premiers tours de roues
A l'âge de 7 ans (en 1897) Robert Sexé entre au collège des jésuites à Poitiers, où il côtoie Delattre de Tassigny. Il devient Bachelier es-lettres en 1907, puis s'inscrit à la Sorbonne en droit et lettres, et à l'école libre de Sciences Po.
Pour parfaire sa formation il part pour la "London School of Economics" où il rencontre Morris, des futures voitures anglaises Morris. Il devient aussi ami avec le poète Paul Morand.
En 1912 Robert passe son permis en Angleterre puis achète sa première moto, une 500cc Rudge, pour 50 pièces d'or.
Sa carrière de journaliste commence au quotidien "The Daily Citizen ". Comme il parle couramment l'anglais et l'allemand il est envoyé comme correspondant de guerre dans les Balkans (Bulgarie-Turquie).
En 1914 il débute la compétition sur le circuit de Fontainebleau, et le circuit de Bordeaux, où il termine 3ème en "500", et gagne sa vie comme correspondant de la revue anglaise "Motor Cycling".
Mais pendant l'été le sauvage conflit que l'on connaît éclate. L'écrivain Eugène Montfort veut le persuader d'être correspondant de guerre, Robert Sexé, lui, préfère s'engager comme motocycliste au camp d'aviation de Longvic.
Motocycliste au camps d'aviation de Longvic
Le dimanche 11 avril 1915 Robert Sexé part de Paris, de chez sa soeur Germaine et de son amie Berthe Andrieux, avec sa Rudge modifiée : réservoir additionel, lampe à acétyléne, pharmacie de campagne, carabine et cartouchière, il l'appelle sa "moto mitrailleuse" !
Son itinéraire est : Fontainebleau, Sens, Saint Florentin, Tonnére, il fait escale à Montbard, à l'auberge de "L'écu d'or". Le lundi 12 avril il part pour Dijon et arrive au camp d'aviation de Longvic où il est accueilli assez fraîchement par les cadres, mais très chaleureusement par une petite équipe de motards :
-Lucien Lot : il est le frère du président du moto-club de Bordeaux, il roule avec une 500cc Terrot à moteur Mag, et a un emploi d'infirmier sur la base de Longvic. -Fay : célèbre coureur sur Indian -Armand Presle du Plessis : passager de Lot, il est ingénieur dans le civil et caporal pilote au 2éme groupe d'aviation. Il est né à Pau le 1er Février 1893, fils de Henri Presle du Plessis, directeur de haras, et de Maria de Barraute. Les témoins au mariage Presle du Plessis x Barraute méritent d'être cités : Marie Aimé Eugéne Joseph Hornez directeur du haras de Pau, chevalier du mérite agricole, Auguste Henri L'hermite commandant au 18éme de ligne chevalier de la légion d'honneur, Marie Louis Droin, marquis Bouhier de l'Escluse et Jayme de Mello marquis de Cadavale.
Henri Duplessis est le fils de Auguste Jean Presle du Plessis, inspecteur général des haras Français... que du beau monde quoi !
Armand Presle du Plessis est promu au grade de sergent en 1916. Le 27 août 1917, blessé à bord de son avion, il arrive cependant à se poser mais décède à l'ambulance militaire 5/52 de Soissons (En cas d'accident il avait demandé à ce que l'on prévienne sa soeur, la marquise Renée d'Ozenay de la Barge de Certeau).
-Genset roule sur une Douglas, il est magasinier sur la base, mais dans le civil il est l'imprésario du pilote acrobate Moriceau.
Robert Sexé loge dans un vaste hangar d'aviation "Bessonneau". Avec ses nouveaux amis, va faire de nombreuses excursions, soit pour le plaisir le samedi et le dimanche, soit la semaine en service commandé.
Cependant, il a des états d'âme et remet sa vie en question...
Sur sa paillasse il songe : "Je vais avoir 25 ans, ma vie sentimentale n'est faite en somme que de deux ou trois idylles douloureuses, que mon narcissisme, mon orgueil maladif, mes exigences ésotériques, mes répulsions, ce stupide point d'honneur à écarter les meilleures occasions et surtout mon sentimentalisme, mes scrupules, risquent fort, s'il m'arrivait quelque chose, de justifier l'inscription " vierge et martyr...!"
En d'autre termes il décide de draguer sérieusement et de conclure.
C'est le dimanche 18 Avril 1915 qu'il fait sa première escapade.
Il va à la course de côte de Val Lujar (Urçy), puis il s'installe à l'hôtel Terminus et son bar-restaurant associé La Grande Taverne. Cet établissement très réputé de Dijon sera désormais son camp de base pour ses randonnées. Dans certaines chambres le vin se tire au robinet !
C'est dans cet hôtel que Robert Sexé rencontre Alice, elle y travaille comme femme de chambre et serveuse. Cette jeune femme de vingt neuf ans, vêtue du strict costume noir des employés de service, plaît tout de suite à Robert.
Il l'aborde tout en douceur, en lui déclamant un poème la nommant "la vierge de légende dorée", mais celle-ci lui apprend en pleurant que son fiancé vient de mourir au camp d'aviation d'Avord près de Bourges dans le Cher.
En fait la vie malheureuse qu'elle a vécut jusqu'ici la fait mentir un petit peu.
Alice Jeanne Blondeau est née le 21 mai 1886 à Chassey de Vivant Blondeau, viticulteur, et de Jeanne Blaizot. Elle se marie une première fois avec Charles Claude Fontaine le 6 février 1908, mais il est tué à Vallois en Meurthe et Moselle le 5 septembre 1914, alors qu'il est soldat au 10 ème régiment d'infanterie.
Elle se fiance ensuite avec Charles Emile Denis Gallien qui est venu au camp de Longvic pour passer son brevet de pilote, il part début 1915 au camp d'Avord pour se perfectionner mais y décède le 12 mars 1915 de rougeole, compliquée de broncho-pneumonie (Le célèbre Georges Guynemer arrive à Avord le 21 mars 1915). Charles Emile Denis Gallien est né le 22-08-1894 à Villejust dans l'Essonne.
Après la guerre Alice se remariera avec Jacques Haltausen le 14 octobre 1924 dans le XIIéme à Paris.
A chaque fois que Robert Sexé viendra au "Terminus", il aura de longues discutions passionnées et arrosées de crème de cassis avec Alice mais leurs rapports resteront platoniques.
Samedi 24 Avril...
...Robert Sexé passe la soirée au "Terminus ".

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Hotel de la croix blanche, aujourd'hui agence du crédit agricole.
Le dimanche matin il part pour Nuits Saint Georges où il déjeune à l'auberge de la Croix Blanche dont la serveuse, une jeune fille, une très jeune fille, Charlotte, lui lance des coups d'oeil très appuyés. "Ces rondeurs font aimablement gonfler son corsage couleur tango" mais hélas le moment n'est pas propice pour engager une relation, il prend donc la direction de Beaune en passant par la forêt de Citeaux, puis rentre à Dijon vider une vieille bouteille servie par Alice.

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Le Réveil de Napoléon à l'immortalité
Le 2 Mai Robert Sexé, Genset et Lot prennent la route de la côte pour se rendre à Chenove où ils mangent à "l'escargotière" puis vont à Fixin pour voir la statue "Le Réveil de Napoléon à l'immortalité " que Claude Noisot (1757-1861) à fait ériger.
Claude Noisot est un ancien grenadier de l'empereur, sous-adjudant-major du bataillon Napoléon Bonaparte à l'île d'Elbe, il donne son nom au Parc Noisot dans lequel a été construit un musée. Mort à Fixin le 14 avril 1861, il aurait voulu être enterré debout, sabre au clair face à la statue de l'Empereur, mais les difficultés rencontrées pour creuser la fosse dans le rocher très dur ne permirent pas de satisfaire cette dernière volonté. Le grenadier dut être inhumé couché (mais avec son sabre quand même !).
Le 9 Mai Robert Sexé et son camarade Genset vont à Bligny et a Arnay-le-Duc par la vallée de L'ouche. Ils se promènent dans la ville, quand ils rencontrent des jeunes filles que Robert Sexé trouve "énervées" par le printemps... "des couples de filles, bras enlacés viennent à coté de nous et bientôt sur nos genoux, flirter audacieusement".
Ils rentrent par Saint Jean de Losnes, Onges puis Longvic.

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En 1915 les autoroutes n'étaient pas encore construites
11 Mai : mission pour Lyon par Chambertin, Vosne Romanée, Nuit Saint Georges, Chalons Sennecey, le Grand Tournus, Greuzes, Macon, Villefranche.
Le Jeudi de l'ascension 13 mai, Genset et Robert Sexé vont à Nuit Saint Georges par la forêt de Citeaux. Ils boivent une bonne bouteille à La Croix Blanche, servie par Charlotte qui a toujours sa blouse tango et qui "se frotte comme chatte amoureuse".
Robert est maintenant sûr de ce qu'il peut faire, encore faut-il trouver une occasion ?
Dimanche 16 Mai retour à Nuits Saints Georges, Charlotte lui fait comprendre "que je pourrais, si je voulais, tout me permettre avec elle" mais il faut rentrer à Longvic.
C'est le 17 Mai 1915, alors qu'à 17h 30, il est envoyé à Lyon pour récupérer des documents, que la vie sentimentale de Robert Sexé va basculer.
En passant à Nuit Saint Georges il lutte pour un dur combat, le devoir lui dit "va plus loin" et son instinct qui commande "arrête toi pour une nuit d'amour"... Bien sûr il décide de faire étape à La Croix Blanche.
Charlotte est là. Une fois installé il sort en ville faire des "emplettes d'amoureux" certainement des fleurs et/ou du parfum, puis s'attable avec un boucher et un gendarme dont il écoute d'une oreille distraite les doléances. Que le repas lui parut long !
Une fois dans son lit il essaye de lire mais son attention est attirée par les bruits venant de la salle de restaurant ou s'organise la fermeture "j'entends, j'attends nerfs tendus (hum hum sûrement pas que les nefs), en alerte dans le noir, porte entrouverte je sais qu'elle va venir".
Bien sûr elle vient et leurs ébats sont longs et passionnés. "J'ai réalisé pour la première fois de ma vie l'existence de l'autre, cette évasion de la prison d'un corps en un autre être. En ces luttes amoureuses, jambes tordues, bras noués avec la jeune athlète, je comprenais enfin ce qu'était cette force de vie, de survie qui m'avait créé, et m'y abandonnais jusqu'à l'aube pluvieuse".
Quand Robert Sexé nous dit qu'elle est jeune, très jeune il ne se trompe pas Charlotte Suzane Stéphanie Million a 13 ans et demi, elle est née à Baune le 4 janvier 1902 de Auguste Million chef-cuisinier et de son épouse Cécile Pierrette Joséphine Ronzoni. Elle se mariera avec Germain Pierre Javelle à Dijon en juin 1922, où elle décède en novembre 1962.
Le 19 mai Robert Sexé a des colliques, une diarrhée profuse et des vomissements, il sait tout de suite que c'est l'appendicite. Son ami infirmier Lot lui fait une injection de morphine.
Le lendemain, le major diagnostique une rougeole... Très ennuyé par ce début d'épidémie qu'il faut déclarer, il fait transporter Robert Sexé en ambulance à chevaux jusqu'à l'hôpital des contagieux, rue des Moulins à Dijon. Mais le Major se trompe, c'est bien d'une appendicite aigüe que souffre Robert Sexé, qui passe trois ou quatre jours dans un état très comateux.
Sa soeur, prévenue par l'administration militaire, vient à Dijon et le fait admettre dans une cellule du séminaire transformé en hôpital chirurgical militaire, dans le service du docteur Ferry. Pour les médecins de 1915 l'appendicite c'est le "Pater Noster" car l'issue de cette infection est quasiment toujours fatale, les antibiotiques n'existent pas encore.
"Un soir J'ai senti que l'Ange Espoir m'abandonnait. Les murs de la cellule, avec la lucarne de prison dans le coin, se rapprochaient pour m'écraser. Jamais plus je ne verrai les changements délicieux du ciel, invisibles de mon lit, je ne savourerai la pluie, le vent, les caresses de la vitesse en moto, je vais devenir fou. Des larmes, des sanglots, les premiers depuis bien longtemps me calmèrent. J'évoquais mes divinités familiales, trop oubliées, ma mère, mon père, je leur adressai ma prière, m'efforçant de dominer l'énervement, les gigotements, les tiraillements des muscles des jambes. Et enfin je m'endormis pour être réveillé bientôt par les brulanttes applications de glace."
Les signes que décrit Robert Sexé sont exactement ceux que ressentent les toxicomanes à l'héroïne injectée quand ils n'ont pas leur dose, c'est ce qu'on appelle l'état de manque, en argot "être poulet froid". Les injections de morphine soulagent la douleur mais les "descentes" plongent Robert Sexé dans cet état proche de la folie.
Pendant deux mois et demi Robert Sexé lutte contre la mort, mais les soins apportés par l' infirmière volontaire Melle Boccard, la présence attentionnée de sa soeur Germaine, le traitement rigoureux du Docteur Ferry ( glace, diète et morphine à haute dose), le destin, le hasard, que sais-je, viennent à bout de cette infection pourtant mortelle à 99% à l'époque. Robert Sexé est l'exception qui confirme la régle.
Le 21 Août 1915 il se prépare à partir pour une permission de 45 jours. "J'ai pris un Cinzano au Terminus servi par Alice. Elle me dit " Je ne vous ai pas porté bonheur !". Moi j'ai pensé "Et Charlotte non plus...."".
Fin de l'aventure bourguignonne.
Une vie de globe-trotter
A la fin de la guerre, Robert Sexé est interprète en Allemagne. Il y rencontrera Rose Kelly ( Rosy) de nationalité allemande qui deviendra Mme Sexé le 13 juillet 1923 à Neustad an der Haardt dans le Palatinat.
Le couple vient s'installer à Saint Benoit mais les plaies de la guerre ne sont pas encore cicatrisées et l'accueil des autochtones est très froid, voire hostile. Robert Sexé fait le coup de poing plusieurs fois pour répondre aux insultes dont il est victime.
Il gagne sa vie en faisant commerce de motos des stocks de guerre, et rencontre celui qui sera un grand ami : l'ingénieur anglais Clapson. Il devient coureur officiel chez Soyer-Clapson.
Robert Sexé est en parallèle reporter à Moto-Revue, ainsi qu'un certain Lipmann qui deviendra le célèbre PDG des montres LIP, mais aussi "Neimann ", l'homme des antivols de voiture.
Il participe aux grandes courses d'endurance d'alors où il se classe aux places d'honneur ou sur la plus haute marche. Son coéquipier et mécanicien s'appelle René Milhou (voir ci-dessous).
Il déserte La Clapson pour une 16H Norton. Che Gevarra et Alberto Granado feront leur voyage en 1952, en amérique du sud, avec une moto évoluée du même modèle (réservoir "à cheval" sur le cadre et Magdyno sous le carburateur ). La moto de Che Guevarra et d' Alberto Granado était surnommée "La Vigoureuse", La "Poderosa" en espagnol.

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9 août 1924, Porte Maillot à Paris départ pour le raid Paris-Contantinople-Paris
1924 : Robert Sexé veut changer d'horizon, il fait Paris-Constantinople-Paris avec Maurice Krebs et Dumoulin. Les motos sont fournies par la firme belge "Gillet-Herstal "
1925 : la même équipe, avec des motos de la même marque est reconduite, cette fois-ci pour un Paris-Moscou avec participation à la difficile épreuve qu'est "Le circuit des Soviets".
Le succès sera au rendez-vous, et la firme Gillet-Herstal, de ce fait, vendra des motos à L'URSS. Sexé effectuera quatre voyages en URSS en 1925, 1926, 1929, 1932.

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Alexandre Mikouline et son équipe devant un moteur
Il y rencontrera et deviendra ami avec un fervent motocycliste, l'ingénieur Alexandre Mikouline, qui sera le créateur des moteurs équipants les fameux avions Mig.
Début juillet 1926 : les "citoyens du monde", comme ils aiment se qualifier, Robert Sexé et Henri Andrieux prennent la route pour le premier tour du monde à moto (Henri Andrieux est un ancien coureur cycliste devenu mécano chez Gillet Herstal, et pilote de course moto et sidecar).

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Gillet- Herstal "Tour du Monde"
Moteur 2 temps : bloc moteur-boite Puissance fiscale : 4cv
Alésage X Course : 79,5X70  cc Cylindrée : 350 cm3
Nombre de cylindres : 1 Nombre de vitesses : 2
Allumage : magnéto Pneus : 26-3.25
Embrayage : disques secs Poids : 110Kg
Suite à cet exploit, la Gillet Herstal 350cc portera le nom de "Tour du Monde".
Après ce voyage, les deux engins continueront à être utilisés et totaliseront respectivement 130 000 et 150 000 km, ce qui encore de nos jours représente un kilométrage appréciable !

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Henri Andrieux dit "Le Pingouin"
(A noter que je n'ai pas trouvé de lien entre la sculpteuse Berthe Andrieux et Henri Andrieux.)
En ces années de motorisation des armées, Robert Sexé va être en relation avec le général Camon, fervent défenseur de la motorisation à une époque où la cavalerie occupe une grande place. Sexé publie de nombreux textes sur les épreuves militaires et des articles techniques sur ce sujet.
Jusqu'en 1931: Robert Sexé reste fidèle à Gillet-Herstal, et avec différents modèles il va parcourir l'Europe lors de nombreux raids, le tour d'Europe, l'Océan Glacial... il fait souvent la couverture de Moto Revue.
Puis il rentre chez Peugeot vélomoteur, il va effectuer raids sur raids : 26 000 km en Europe et Afrique, 15 000 km en vélomoteur à travers l'Europe, tour de France en vélomoteur... Moto Revue va éditer un numéro spécial offert par la maison Peugeot suite à son tour d'Europe, textes et photos de Robert Sexé. Chez Peugeot, il aidera à mettre au point un modèle adapté pour l'armée.
1939 : Robert se retrouve, lors d'un de ses voyages en partance pour les Indes, au Liban, les événements font que le voici incorporé aux services armés. Il y pilote alors une Peugeot équipant l'armée française et aussi les grosses américaines "Indian".

(photo J.Richard)

Robert Sexé aux Eléphants en 1968
Après la guerre : le monde change, la France est à un tournant de civilisation, l'industrie motocycliste mute ou disparaît.
En 1950 Robert Sexé a 60 ans, il se retire à Saint Benoit dans la maison de famille et ne fait plus de la moto que pour son plaisir, rencontres de motos anciennes, raids européens dont les éléphs : en 1972, à 82 ans, il est toujours au rendez-vous sur le circuit.
A 84 ans, Robert Sexé pratiquait toujours la moto, il décède le 30 juillet 1986 à Poitiers à 96 ans.

(Photo Patrick Lavaud)

La Gillet-Herstal de Robert Sexé dans les réserves du musée Auto-moto-vélo de Châtellerault.
On remarquera les deux couronnes sur la roue arrière, une grande pour la montagne et une plus petite pour la plaine.
Robert Sexé et Tintin
Il est maintenant reconnu que Hergé (de son vrai nom Georges Rémi) a en partie pris Robert Sexé comme modéle pour créer Tintin : le métier de reporter, le globe trotter, la moto dans quelques albums, l'image globale du personnage montrent en effet beaucoup de similitudes, jusqu'au nom du chien Milou qui viendrait du patronyme du mécanicien (mécanichien ?) de Robert Sexé, René Milhoux.

Le pilote René Milhoux est né en 1905 à Bruxelles, Milhoux a couru pour Gillet-Herstal, pour le compte duquel il s'adjuge nombre de records ainsi qu'une belle victoire au Bol d'Or 1928, en catégorie side-car 600. En 1931 il entre chez FN. Aux côtés des Tacheny, Noir et autre Demeuter, il signe de brillantes performances, notamment en Grands-Prix. Mais son plus grand exploit reste certainement son record de 1934 : sur une FN mono-cylindre 500 à compresseur, il atteint les 224,019 km. Une performance dans laquelle le gabarit jockey de Milhoux ne fut pas pour rien!
Après la guerre, René Milhoux ne raccroche pas son cuir : il s'aligne encore dans des épreuves de kilomètre lancé, notamment avec des Vincent.
Paradoxalement, l'homme devra attendre l'âge de la retraite pour goûter aux plaisirs de la moto de route mais à plus de 90 ans, c'est dans le Sud de la France, au climat plus clément, qu'il préférait rouler.
C'est là, dans sa maison des Issambres, que René Milhoux est décédé le 19 juillet 2003. Autre personnage ayant certainement inspiré Hergé : Léon Degrelle, connu pour être le fondateur du rexisme en Belgique(mouvement d'extréme-droite collaborationiste).
Ami et collègue de travail d'Hergé, il déclare dans une interview en 1981 lui avoir inspiré le personnage de Tintin.
Un ouvrage apocryphe de Degrelle, "Tintin mon copain" développe cette affirmation en 2000.
Sans vouloir politiser le propos j'attire votre attention sur le fait que Hergé était capable de faire le grand écart entre Robert Sexé socialiste et Léon Degrelle fasciste...
Salut et fraternité
Didier

Les photos de Robert Sexé qui illustrent cet article proviennent du livre de Janpol Schulz "Robert Sexé au pays des soviets". Si vous voulez en savoir plus sur les voyages de ce grand bourlingeur vous pouvez acheter ce livre en E-book ici : http://robertsexe.planethoster.org/livre_soviets.html

COMMENTAIRES SUR CETTE PAGE


le samedi 02 mai 2020 à 20 h 58
par guillaume duchesnil - willyarnold77gmail.com
Article mensonger car ne mentionne pas du tout l'engagement politique de Robert Sexé. Il a notamment écrit dans le journal ultra collaborationniste La gerbe et Le combattant européen.

le samedi 02 mai 2020 à 20 h 58
par guillaume duchesnil - willyarnold77gmail.com
Article mensonger car ne mentionne pas du tout l'engagement politique de Robert Sexé. Il a notamment écrit dans le journal ultra collaborationniste La gerbe et Le combattant européen.

le mardi 14 avril 2020 à 00 h 11
par Meunier - leuniermesgmail.com
Bonsoir, motard (MZ, Norton, triumph bonneville) et fan de Tintin, je m'intéresse à l'histoire qui ne s'écrit pas en noir ou blanc. Je vous recommande donc de vous procurer ces excellents petits livres de la collection

le dimanche 12 octobre 2014 à 15 h 44
par PhiZo - phizowanwanadoo.fr
Il faut rendre :
- à César ce qui est à César,
- à Dieu ce qui est à Dieu,
- à Didier ce qui est à Didier...
Didier donc, avait fait dans son exposé un jeu de mots tellement bon ("mécanichien")... que j'avais cru qu'il était de moi :-(
Voici donc qui est corrigé, et avec toutes mes excuses !

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