OURAL,
CHANG-JIANG et SIDE-CARS MILITAIRES
par Murray Barnard
Il est communément admis que les attelages russes Oural sont des copies,
datant de la guerre, de BMW R75 alors capturées.
Cela
est bien romantique. Le fait est que, même si les Russes ont vraiment
capturé quelques side-cars allemands (et, tôt dans la guerre, les Russes
perdus énormément plus d'hommes et de matériel qu'ils n'en ont jamais
capturé) ils étaient bien trop occupés à déplacer toutes leurs usines
derrière les montagnes de l'Oural pour penser à industrialiser une copie
de la R75. Egalement, les blindés, armes à feu et munitions étaient
bien plus prioritaires dans le programme de production.
D'où l'inspiration est-elle venue ? Les Allemands étaient-ils les pionniers
du side-car que nous avons tendance à croire ?
Revenons en 1937, avant la guerre. Si on considère la production d'équipements
militaires c'est probablement FN (Belge) qui a inspiré les attelages
militaires BMW et Zündapp. Même Puch s'est penché sur le sujet jusqu'à
ce que les Nazis leur demandent poliment de se concentrer sur d'autres
priorités guerrières.
L'attelage
belge FN M12 de 1937 avait la roue du panier motrice, une boîte de vitesses
avec rapports longs ou courts et marche arrière, un filtrage amélioré
et des roues interchangeables équipées de pneus touts terrains. Cette
gamme de side-cars fut produite avec ou sans protections blindées. Ces
machines étaient si bonnes qu'après l'invasion Nazie la Wehrmacht les
a maintenues en production.
Les
Français, avec leur faculté d'adaptation, ont été séduits par
le concept Belge et Gnome-Rhone a produit un attelage flat-twin dans
les années 1938-1940, le SV AX2 800cc. Cette machine possède aussi une
marche arrière et un arbre de transmission vers la roue du panier. Là
aussi la Wehrmacht fut séduite et la production continua après l'invasion
de la France en 1940.
Je ne serais pas étonné que ces machines aient été prises quelquefois
pour des BMW ou des Zündapp, sous leur camouflage et les marquages de
la Wehrmacht.
On
a également prétendu que la France avait construit plus d'équipements
militaires pour l'effort de guerre allemand que BMW et Zündapp réunis.
Ce n'est qu'à l'automne 1940 que les modèles BMW R75 et Zündapp KS750
sont apparus avec des caractéristiques proches de celles de leur homologues
Belges et Français.
Les
Yankees aussi ont été stupéfaits par ces machines après la capture de
quelques-unes en Afrique du Nord. Le prototype Harley XA était inspiré
des BMW et Zündapp, et plus particulièrement de la BMW R12 750cc.
Dans
la mesure du possible la XA a été étudiée simultanément avec la WLA
et une version avec side-car, la XS, a été préparée. La Jeep a anéanti
cette entreprise alors que 1000 machines étaient déjà construites. On
a beau aimer nos attelages, en cas de guerre, 4 roues sont préférables
à 3…
Revenons
aux Russes... Quelle est l'origine de leurs attelages ? Et bien en 1938
ils ont été autorisés par BMW à produire une copie de la BMW R71, la
M72. Il s'agit d'un flat-twin à soupapes latérales nanti de quelques
améliorations pour faire face aux rigueurs russes.
Cette
machine a été produite pendant la guerre (quoique certaines subtilités
telles que le paiement des droits de licence à BMW aient sans doute
été "oubliées" à moment-là). La production continua après la guerre
sous le nom de K750. A la différence des BMW et Zündapp militaires,
le modèle russe n'avait pas de soupapes en tête, la roue du panier n'était
ni motrice ni freinée, mais il est resté en production jusqu'en 1983.
En
1968 Oural a sorti l'omniprésent 650cc culbuté, le flat-twin qui est
toujours avec nous aujourd'hui, sous des formes diverses.
Il
est intéressant de constater que la Suisse a également construit, plus
tard durant la guerre, son propre attelage boxer, le Condor A-750 à
soupapes latérales.
L'Allemagne
est donc la seule à avoir utilisé les soupapes en tête sur ces machines,
les autres ont tous utilisé les soupapes latérales. Et la Russie, à
cause des sévères limitations de productions imposées par la guerre
n'a pas copié les R75 et KS750. Mais ils en ont probablement capturé
une grande quantité durant les hostilités et les ont utilisées avec
des marquages russes, particulièrement dans des films d'après-guerre.
Les
machines russes d'Irbit et de Kiev ont été construites depuis le début
des années 50. Les modèles à moteur 650cc culbuté, basé sur le BMW,
sont construits depuis 1968 et sont généralement plus connus sous les
noms de Dnepr, Neval, Phoenix ou Cosaque sur les marchés Occidentaux.
Les
machines chinoises sont basées sur le premier modèle à soupapes latérales
et également sur le plus tardif 650cc culbuté. J'imagine qu'elles sont
des copies directes des versions russes.
La
Chang-Jiang ressemble effectivement à la latérale russe, la machine
"haut de gamme" Dong utilise un boxer culbuté.
Publication
avec l'aimable autorisation de Trévor http://www.mcnews.com.au/